Pas-du-Loup et ses alentours

Seul village au cœur de la forêt Milles-Epines, Pas-du-Loup était à l'époque un passage obligatoire pour tous les voyageurs traversant cette gigantesque forêt de sapins.

C'était un endroit plein de vie, en pleine expansion. Des ouvriers venaient suer sur des pierres afin d'édifier de beaux bâtiments et d'agrandir ce lieu de vie. Les auberges étaient bondées, les primeurs dévalisés, les rues agitées.

Le Nord de la Contrée est froid. On peut y entendre le vent chuchoter son hurlement entre les arbres. On ressent cette pression désagréable d'être observé lorsque nos pas foulent l'humus légèrement enneigé. On avance à tâtons dans la noirceur de la nuit : pas un éclat de lune n'éclaire le paysage. On sait que l'on contourne des souches que l'on est incapable d’enlacer. On ouïe ces branches qui se brisent non loin. Quelque chose semble nous suivre. Mais on continue d'avancer car on ne peut faire autrement. Un clocher sonne juste devant. Son son, grave et lent, retentit douze fois. Il n'est pas censé y avoir de village dans ce coin de la région... Enfin si, en y réfléchissant, il paraît que c'est par ici que se trouverait un village d'une triste et sombre gloire. Un bourg à la merci de la créature la plus puissante de la contrée. « Pas-du-Loup ». On ne peut pas voir nos pieds. On ne sait pas où l'on marche : la brume nocturne froide s'est levée. Elle recouvre le sol de sa douce apparence et commence à envelopper l'atmosphère de son aspect cotonneux. On avance toujours, jusqu'à ce qu'une sorte de mur gigantesque barre notre route.

Les remparts de Pas-du-Loup se dressent au cœur des ombres de pins millénaires. Taillés dans des troncs immenses, on peut voir les profondes entailles faites par le Loup quelques rares fois passées.
Étrangement, l'imposante herse d'acier et d'argent est encore ouverte, alors on pénètre dans l'enceinte du village avec hésitation. Eclairé par les lueurs tremblantes de flambeaux, il n'a rien de réellement accueillant. Les ombres semblent danser sournoisement. Le fin tapis de neige fondue sous les piétinements de la journée rend le sol boueux. Il n'y a pas un chat qui rôde dans les parages. On s'enfonce dans les rues, on se demande s'il y a âme qui vive, mais on a la gorge trop serrée pour laisser échapper le moindre mot.
Au bout de quelques minutes, nos pas foulent la pierre. Il s'agit certainement du cœur du village. On devine une grande place. Une haute silhouette sombre laisse penser qu'il s'agit là des murs de la chapelle. Celle qui a sonné sa cloche dans cette nuit silencieuse, comme si elle cherchait à attirer l'attention...
Il semble que l'écho du vide du village partage des murmures lointains. On repart alors, à la recherche de la source de ce son à la fois intriguant et effrayant. On tombe sur deux hommes qui ruminent au pied d'une tour avant de s'en éloigner. La curiosité plus forte que tout, on décide de grimper en haut de la tour tant que personne n'est dans les parages.

Il y a trois tours comme celle-ci dans le village. Elles seules dépassent les hauteurs des murs de la chapelle. A elles trois, tout le village est à portée de regard. Vu d'en haut, Pas-du-Loup reste tout aussi lugubre. L'humidité et le froid ont formé des stalactites aux extrémités des toits. Les lumières des flambeaux semblent encore plus fragiles, comme si un simple soupir pouvait les éteindre net.

Sans s'en rendre compte, on guette jusqu'au petit matin. Les premiers rayons du soleil dépassent difficilement les cimes des arbres mais la forêt semble s'éveiller. Des oiseaux se mettent à chanter, le village commence enfin à prendre vie.

Dans la Contrée, aucun système d'enseignement officiel n'existe. . Les savoirs se transmettent de génération en génération et de maître à apprenti. Il exige un énorme un travail personnel selon le but recherché. Mais il existe aussi bien des tuteurs spécialisés dans l'enseignement de la lecture et de l'écriture. Les mathématiques peuvent également faire partis des matières dispensées. Ces prestataires réclament souvent de l'argent en échange de leurs services.

Par chance, il existe quelques savants, dont l'âme est plus charitable, qui mettent leur temps libre à disposition d'autrui pour enseigner leurs savoirs au plus grand nombre. Un bénévolat contre lequel personne ne peut lutter.