résumé
Le cor de Pröhr est un objet unique. Il a été forgé et enchanté par un clan de mage, pour être offert à un valeureux chevalier, il y a de cela plusieurs siècles. Il est dit que quiconque souffle dans l’instrument et entend son chant, se retrouve envoûté par un sort de défense indestructible, qui ne serait rompu qu’à la mort ou si quelqu’un d’autre soufflait dedans.
légende
Il y a très longtemps, la Contrée était un continent déchiré par les guerres. Elle accueillait cinq royaumes en ses terres, et chacun cherchait à s’étendre en empiétant sur les territoires de ses voisins. Les seigneurs Ashbury, Lothar, Falstad, Ma’arth et la maîtresse Aelthem s’acharnaient dans leur quête de grandeur… Mais tout ceci est une autre histoire…
De par ces querelles, sont nés des personnes dont les noms ont été encré dans les pages des grimoires et ont traversé les âges. Les légendes sont nombreuses, les récits sont innombrables, et les rumeurs sont incroyables… Parmi tous, Ambroise Pröhr est certainement le chevalier le plus connu. Il portait les couleurs du seigneur Lothar, souverain des collines et des marais du Sud-Ouest de la Contrée. Il n’était, certes, ni beau ni jeune, mais était aimé pour sa bravoure, sa bonté et son équité pour chacun, peu importe les origines et les chemins choisis.
Une légende raconte qu’un petit clan de mages offrit un cadeau d’une valeur inestimable au vieux guerrier, pour le remercier de ses actes, bons envers tous. Un cor enchanté. Coulé dans le bronze, de fines arabesques saillaient en son milieu, et au creux des courbes de ces dernières, se trouvent des pierres précieuses, aussi pures que les valeurs que défendait le vieux chevalier.
«
Ne souffle que lorsque tu es certain de ton courage, chevalier, et le sort se libèrera. Jamais personne d’autre ne devra y souffler de ton vivant. »
Alors qu’il était en tête sur un jeune front de bataille, Ambroise Pröhr se souvint des mots des sorciers. Son cor accroché à la selle de son cheval, il le prit en main et l’observa. Il se tourna alors vers ses troupes et entama un discours endiablé, rendant le courage, offrant la force et la détermination. Serrant son instrument dans sa main, il souffla, puis leva le point au ciel afin de lancer directement la charge sur l’ennemi.
La bataille fut rude, mais elle touchait à sa fin. Seuls quelques combattants étaient encore debout à se battre. Beaucoup d’hommes étaient tombés. Ambroise Pröhr, lui, était agenouillé, affaibli. Il regardait un mage réciter une incantation. L’homme avait un air désolé. Il pleurait. Il avait une allure sale et était amaigri. Cela n’augurait rien de bon. Les sorciers et les sorcières sur les champs de bataille étaient extrêmement rares. Souvent, ils étaient forcés de s’y rendre, prisonniers, ployant sous la menace. Ils n’étaient pas à blâmer. Tout le monde ferait des mauvaises choses si sa famille était menacée d’être torturée dans les cachots d’un quelconque royaume. C’était certainement le cas de ce malheureux qui venait de terminer son récital. Alors que Pröhr attendait patiemment le coup final, un champ de force apparu lors de l’impact avec le sort et renvoya ce dernier sur celui qui l’avait lancé. Le temps sembla s’arrêter quelques instants. Le mage était mort.
Alors qu’il se faisait porter par ses hommes pour être mis en sûreté, tout devenait clair dans sa tête. Le cor. C’était ça. En soufflant dans l’instrument au moment crucial de la bataille, le chevalier avait libéré un sortilège de défense contre tous les sorts malveillants lui étant destinés.
Après cette dernière bataille, on raconte que le chevalier tomba malade et perdit la raison. Toujours accroché à son cor, il ne le quittait plus. A ses yeux, tout le monde était suspect. Tout le monde souhaitait le lui voler. Tout le monde cherchait à lui lancer des sorts. Tout le monde cherchait à souffler dans son bien… Plus personne n’était digne de confiance…
Alors que sa mort approchait, il est dit que le vieux Ambroise Pröhr rempli son cor de cire et le jeta dans une rivière où l’objet coula. Emporté par les flots, le cor de Pröhr sombra dans l’oubli et disparu de tous les regards. Le vieux chevalier autrefois si généreux, mourut le sourire aux lèvres en sachant que personne d’autre que lui ne pourrait bénéficier du sortilège de défense.